APF Entreprises France Handicap engagé dans la production de masques

Le site de Ludres de l’APF Entreprises France Handicap s’est mis en ordre de bataille pour produire des masques grand public à grande échelle dès la fin du mois de mars.

Ils travaillent d’arrache-pied depuis des semaines pour produire des masques à destination du grand public. Des protections de catégorie 2, lavables et réutilisables une vingtaine de fois. En temps normal, l’entreprise inclusive de l’APF Entreprises France Handicap de Ludres (54) câble des armoires électriques, opère pour le tertiaire, réalise des supports de communication… Mais la couture, ce n’était pas son domaine. Elle en était même loin jusqu’à ce que débarque le Covid-19.

« À partir de là, ça a été une épopée, raconte Michaël Leclair, directeur du site meurthe-et-mosellan. La couture, on n’y connaissait rien. On est parti de zéro. On a eu écho, via mon collègue de Strasbourg, que le Pôle Textile Alsace recherchait des faiseurs sur le Grand Est pour répondre aux besoins de masques. Du coup, nous nous sommes positionnés pour faire de la confection.»

Sauf que l’entreprise ludréenne n’est ni outillée, ni qualifiée pour assembler des masques. L’entreprise commence donc par solliciter des partenaires autour d’elle. L’Institut de formation en ergonomie (IFE) de Nancy lui prête ses machines à coudre. La MJC Lorraine lui en remet également, ainsi que des particuliers. Même la Fondation Vinci a mis la main à la poche pour que le projet prenne corps. « Grâce à elle, on a pu acheter quinze machines industrielles dont des surjeteuses et des repasseuses. Après cela, on s’est mis en phase d’apprentissage, on a fait des tests et ça a fonctionné », retrace Michaël Leclair.

Atelier de couture réalisant des masques

L’atelier monté avec un plateau technique équipé, CAP Emploi et Pôle emploi sont entrés dans la boucle pour recruter du personnel en situation de handicap ou/et éloigné du travail. La fabrication a commencé par une dizaine de couturières. Puis, une équipe s’est constituée, composée de treize bénévoles et vingt et un salariés.

« Nous avons tourné ainsi jusqu’à la semaine dernière au rythme de 15. 000 à 20. 000 masques par semaine, chiffre Michaël Leclair. Aujourd’hui, nous avons une quinzaine de personnes qu’on va garder encore pour six mois au moins. Ensuite, on va tenter de maintenir l’activité en diversifiant notre production. Pour l’instant, le but est atteint. On a tissé du lien social dans la distanciation sociale. C’est un bébé qui a vu le jour en deux-trois semaines de temps. Il ne faudrait pas qu’il disparaisse. »

APF Entreprises emploie des personnes handicapées qui ont perdu de leur autonomie et leur aisance : traumatisés crâniens, sourds, handicapés moteurs et psychiques… Avant le confinement et la mise en sommeil de ses activités, son effectif comptait 75 salariés. Aujourd’hui, ils sont 92. « La situation nous a permis d’embaucher en quelque sorte. Même s’il faut savoir qu’à partir du 16 mars, on s’est retrouvé avec 93 % d’activité en moins. On a eu beaucoup de personnes soit en chômage partiel, soit en arrêt maladie. Il fallait absolument réagir », décrit Michaël Leclair. À présent, les masques sont livrés au Pôle textile Alsace qui se charge de leur répartition. À noter que pour dissuader les braquages de masques et de matières premières fournies par des sociétés vosgiennes, la police accompagne chaque déplacement des camionnettes de l’entreprise, matin et soir. Le Far West.

Source: L'Est Républicain du 13.05.2020

article crée le 14/05/2020
dernière modification le 20/07/2021


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